C’est en observant l’enfant en train d’écrire que l’on réalise l’importance de ce qui se joue à travers cet acte hautement qualifié et au-delà de la simple reproduction d’un modèle. Dès les premiers gribouillis l’enfant exprime à travers sa trace son tempérament, sa fougue ou sa fatigue, ses émotions, ses désirs et ses peurs. Puis il va peu à peu respecter un code, dans un espace restreint qui lui indique déjà les limites : c’est le début de sa socialisation.
Dans ce cadre convenu l’échange peut se mettre en place avec l’Autre : l’écriture est « lien ». Il y a partage d’un message silencieux, riche d’attente, d’écoute, de désir voire de peur. En effet certains signaux ne trompent pas : lenteur, ratures, noirceurs du trait, surcharges, retouches, tracés hésitants, confusions des formes sont autant d’appels à l’aide pour celui qui veut bien les voir.
Passés les débuts laborieux de l’apprentissage, l’enfant peu à peu rentre dans le palais des Savoirs. Comme un voyage initiatique il découvre le plaisir de l’expression personnelle et de l’échange libre. Elle est la clef de son intégration dans le monde des « grands » qui le reconnaissent en tant que tel.

La graphologie s’appuie sur une réalité : elle est le fruit de l’intrication étroite entre la motricité et le caractère (Henri Wallon) et repose sur l’évidence que tous nos gestes ont un contenu expressif psychologique. Notons au passage l’importance attribuée à la signature et sa reconnaissance sociale comme outil d’identification. Voilà pourquoi l’écriture s’interprète : elle est une manifestation spécifiquement humaine, un acte social et un outil personnel. La graphologie est une science humaine au même titre que la psychologie, la sociologie et elle possède ses méthodes propres. Au-delà de ses outils techniques d’observation rigoureuse, l’interprétation graphologique est enrichie de connaissances psychologiques de l’être humain.